... Parenthèse... (1)

... D'un point de vue purement technique, je ne suis qu'un humble citoyen parmi tant d'autres, emporté souvent par le consumérisme de masse, mais qui reste assez souvent conscient de ma propre potentialité à chercher ce dont j'ai envie, plutôt que ce qu'on me propose...

Aussi une phrase anodine entendue ci et là m'interpelle, dans la mesure où elle sous-entend que certains acheteurs de livres (je ne parle volontairement pas ici de lecteurs... vous comprendrez pourquoi par la suite...) semblent se pencher sur les uniques livres annoncés dans tels ou tels magazines, voire pire, les montagnes d'œuvres souvent insipides, parfois indigestes, généralement surcalibrées pour une consommation rapide (fast booking... concept intéressant si il en est...) que les enseignes de grandes distribution et autres franchises pseudo multimédiatiques proposent...
Ainsi je m'interroge (oui parfois je me parle... au moins comme ça je suis sûr que je parle à quelqu'un qui m'écoute et a fortiori qui ne me coupera pas la parole.... encore que des fois... mais bref...)... je m'interroge, disais-je (zaige), sur la vacuité apparemment évidente (mais il faut croire que non...) d'une telle démarche pseudo intellectuelle qui conduit l'acheteur (je persiste...) à consommer plus qu'à déguster...

Au temps jadis... avant l'avènement des sms, "kikoo-lol-mdr-ptdr" et autres aiméssène... avant même la Coupe du Monde 98 (oui je sais pour certains le monde n'a pas existé avant ça...)... vivait un peuple pacifique, essaimé à travers toutes les franges de la population (y compris la population chauve, qui par définition ne peut avoir de franges...), toutes les catégories sociales (ou presque... parfois des livres ça coûte cher... merci la bibliothèque municipale soit dit en passant...), sans aucun distinction de genres, ni de couleurs... un peuple qui lisait pour le simple plaisir de lire...
Oui, oui, pour le plaisir de voir des mondes se dessiner à mesure que les lettres forment des mots... des histoires qui se tissent au fil des phrases... des vies qui s'esquissent au détour d'un marque-ta-page ("ton livre... il faut l'aimeeeeerrrrrr")... De ce peuple aujourd'hui en voie de disparition, rongé par la vermine communiste (oh pardon... je me suis un instant cru américain pendant la Guerre Froide...)... rongé par la flemme, les bandes dessinées japonaises, les ordinateurs utilisés à mauvais escient, la télé-poubelle... de ce peuple, nous ne sommes plus beaucoup... nous continuons cependant à accorder une importance devenue improbable à la beauté des textes, la pureté des mots la vérité de l'imagination (c'est conceptuel, mais faites un effort quoi!!!)

Ce peuple déchu, déçu... est un peuple de lecteurs... oui de lecteurs... de simples lecteurs... (j'en vois déjà qui s'érigent en pourfendeurs de plantigrade prétendument doué d'intelligence, en s'auto proclamant lecteurs sous le prétexte qu'ils achètent un livre tous les mois et parfois même arrivent à le lire avant d'acheter l'autre le mois suivant...)... ce peuple donc savait (et saura probablement jusqu'aux derniers jours des siens...) choisir un livre... non par sa présentation sur l'étalage... non par son prix... (ces gens croient toujours que l'imagination n'a pas de prix, malgré sa valeur...), même pas par le nombre de trophée et autres récompenses qu'il a engrangé...
Ces personnes savaient qu'un livre ne se juge que par l'idée qu'inspire sa couverture (l'image étant parfois indicative... le titre et l'histoire révélée au dos étant généralement plus propices à une réflexion intéressante..), par l'impression que peut donner la lecture de quelques lignes au hasard (en évitant bien évidemment la dernière page hein...)... et selon le cas, les souvenirs qu'engendrent l'évocation de l'auteur...
Ces gens là étaient des lecteurs... mais peu à peu ils disparaissent... happés par la paresse intellectuelle ambiante, la mort (beh oui... ça arrive...) ou réfugiés dans le monde underground des lecteurs unanimes de taille réduite (les fameux petits LU)
Il semblerait à mon avis plus opportun de ressembler à ces gens, plutôt qu'à ces autres acheteurs, qui loin d'apprécier un bon livre, se contentent de le consommer tel une marchandise périssable, ne se rappelant plus à qui une phrase fétiche, à qui un moment émouvant, une fois le prochain livre entamé...

Mais bon... encore une fois... ça n'est que mon avis... et je le partage

(vous remarquerez au fil du temps, que j'aime les points d'exclamations et de suspension...)